Une idée reçue consiste à penser que la créativité serait réservée à une élite plus inspirée que les autres, les artistes ou les innovateurs·trices, qui seraient capables d’inspirations fulgurantes et doté·es de talents innés. Pourtant les neurosciences le démontrent : la créativité est un potentiel que nous avons toutes et tous en nous. Nous autoriser à l’explorer peut nous mener à vivre une vie plus intense et jubilatoire. C’est ce que j’expérimente depuis 15 ans : je vous donne quelques clés glanées en chemin.
Toutes et tous capables de créer
Lorsque nous parlons de créativité – c’est-à-dire le processus par lequel naissent nos idées, nos créations – une idée répandue consiste à penser qu’elle serait réservée à une élite et que seuls quelques génies hors du commun auraient des inspirations créatives.
Pourtant les neurosciences battent en brèche cette idée reçue, comme l’explique la scientifique Samah Karaki dans un podcast consacré à la créativité (Radio France, Votre cerveau – la créativité). Même s’il existe des inégalités cognitives et comportementales, il n’y a pas d’un côté, les génies créatifs et de l’autre, les non-créatifs. Elle précise que « la créativité est une compétence humaine qui s’apprend, s’entraîne et s’enrichit du vivant. ».
De plus, notre cerveau n’est pas un organe statique qui cesserait de se développer à l’âge adulte. Bien au contraire, il évolue au gré de nos expériences. « Tout au long de votre vie, votre cerveau perçoit des éléments d’inspiration, de connaissances, de compétences que vous allez rassembler, en les recombinant et en créant de nouvelles connexions ». Selon la neuroscientifique, mener une existence créative aurait pour effet de favoriser et d’enrichir ces nouvelles connexions.
Je ne me croyais pas créative et puis, j’ai commencé…
Ce potentiel dont nous sommes doté·es, je l’ai expérimenté. Jusqu’à mes 28 ans environ, je pensais ne pas être capable de créer quoi que ce soit. Alors jeune professionnelle dans la communication, j’avais pourtant une vision assez rétrécie de ma créativité. Il me semblait que cette capacité était réservée à d’autres, que ce n’était pas pour moi. D’ailleurs, depuis la fin de l’adolescence, je n’avais plus ni dessiné, ni joué d’un instrument…
Pourtant, comme Monsieur Jourdain dit de la prose, sans le savoir, je créais déjà : les recettes improvisées lorsque des ami·es passaient, une idée de tournure pour améliorer un communiqué, des mini-sketchs humoristiques que ma sœur et moi enregistrions juste parce que ça nous faisait rire…
Mais je n’avais jamais songé à aller plus loin, à explorer mes aspirations créatives et à les réaliser. C’est en découvrant le livre Libérez votre créativité de Julia Cameron (12 semaines pour ouvrir et explorer sa créativité) que j’ai commencé, petit à petit, à m’ouvrir à la notion de créativité, à noter tout ce que j’avais envie d’explorer, de découvrir et de mettre en place.
Et puis, comme l’autrice de cette méthode m’y encourageait, je me suis mise à tester de nouvelles activités avec une grande curiosité, pour voir où cela m’emmènerait. J’ai ainsi chanté, sculpté, fait du théâtre d’improvisation, appris des pas de salsa, de flamenco, de modern’jazz, créé des bols en céramique et pris l’habitude d’écrire presque tous les jours.
Je suis allée dans des lieux inconnus, j’ai osé pousser la porte des ateliers, des théâtres, des salles de concert, des expos… J’ai appris à « sortir de la zone du connu ». J’ai pris l’habitude de noter toutes mes idées, des plus banales aux plus farfelues. Enfin je me suis autorisée à créer et à montrer mes créations. Encore aujourd’hui, je continue avec le même plaisir. Et je vis ces explorations comme un véritable voyage vers un plus grand épanouissement personnel.
La créativité, c’est un voyage…
C’est aussi ce qu’en dit Yaron Herman, pianiste et compositeur de jazz, auteur du livre Le Déclic créatif (éditions Fayard, 2020) : « La créativité est un voyage personnel, au cœur des enjeux de l’existence. C’est un chemin d’apprentissage perpétuel plutôt qu’une destination finale. »
Elizabeth Gilbert, autrice de Comme par magie – Vivre sa créativité sans la craindre, parle aussi d’une quête, que nous pouvons entreprendre pour découvrir les trésors cachés en chacun·e de nous :
« La quête pour découvrir ces pépites, c’est cela une existence créative. […] Quand je parle d’existence créative, comprenez bien que je ne veux pas nécessairement dire qu’il faut mener une vie professionnellement ou exclusivement consacrée à l’art. Je ne dis pas que vous devez devenir un poète qui habite au sommet d’une montagne en Grèce, que vous devez vous produire au Carnegie Hall ou que vous devez essayer de remporter la Palme d’or au Festival de Cannes. (Cependant, si vous voulez vous essayer à l’un des trois, ne vous gênez pas, lancez-vous.). Non, je parle là d’une manière plus générale. Je parle de mener une vie gouvernée plus par la curiosité que par la peur. »
Mener une vie plus créative, c’est tentant mais comment faire ?
Il s’agit avant tout d’adopter un nouvel état d’esprit. Voici les principaux ingrédients qui le composent et vous aideront à libérer votre créativité :
- Tout commence par une autorisation. Vous autorisez-vous à créer ? À explorer ? Ou bien considérez-vous que… « c’est pour les autres », que vous ne savez rien faire de vos dix doigts ? Lâcherez-vous un « à quoi bon » tout en gardant au fond de vous une frustration à ne pas créer ? Vous donner l’autorisation est la première clé. Démarrez de là où vous êtes : inscrivez-vous à ce cours d’aquarelle, allez à cette soirée percussions, découvrez les alliances mets-vins dans cet atelier culinaire…
- Ajoutez un zeste de courage et d’ouverture. Comme l’énonce Elizabeth Gilbert, explorer sa créativité est un acte en soi audacieux. « Avez-vous le courage de donner le jour aux trésors qui sont cachés en vous ? » dit-elle. Oubliez ce que vous savez déjà de vous-même, des autres et du monde pour laisser les fenêtres de votre esprit grandes ouvertes. Prenez l’habitude de vous lancer dans des activités jamais expérimentées auparavant.
- Il faut aussi du mouvement : À l’instar du poète Rainer Maria RILKE (1875–1926), vivez sans attendre (n’attendez pas sur un banc, sans bouger, que l’inspiration vous frappe) : « Pour quelques lignes, il faut voir beaucoup de villes, d’hommes et de choses. Il faut connaître les animaux, sentir comment les oiseaux volent et connaître le geste avec lequel les petites fleurs s’ouvrent le matin. Il faut pouvoir repenser à des routes dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues et à des séparations qu’on a longtemps vues venir. »
- Connectez-vous à votre spontanéité et votre joie. Vous autoriser à créer, c’est donner libre cours à votre part enfantine. Cette part en vous veut s’amuser, découvrir, explorer, jouer tout simplement. Autorisez-vous à dessiner sans but, à peindre avec les doigts, à danser sur des musiques qui vous mettent en joie ou à considérer ce qui vous entoure comme s’il s’agissait de la première fois, comme le ferait un petit enfant, en vous branchant à vos cinq sens.
- Mettez en place la persévérance et la régularité. Lisa Congdon, illustratrice et artiste plasticienne américaine, compare cela à l’apprentissage d’une langue étrangère. Lorsque vous commencez une activité créative (par exemple, l’illustration à la gouache), vous êtes d’abord un peu gauche, vous ne maîtrisez pas la technique. Puis, à force de pratiquer un peu chaque jour, vous prenez de plus en plus d’aisance et de plaisir. Enfin, vous parvenez à un stade où vous pouvez créer presque « les yeux fermés ».
- Enfin, faites preuve d’indulgence envers vous-même et lâchez la pression de la perfection qui pourrait vous freiner. Apprendre à laisser de côté les jugements que l’on porte sur soi-même est l’une des clés les plus essentielles pour déployer votre créativité.
Alors, quelles seront vos futures explorations créatives ? Partagez-les nous dans les commentaires !
Une réponse
En ce moment, je me suis mise à faire du diamond painting, avec un fond de musique relaxante. Peut-être qu’après ça me donnera d’autres idées. En tout cas ça me détend.