L’alternative au tatouage traditionnel est en phase de croissance en France, et le tattoo cruelty-free fait de plus en plus d’adeptes vegan (ou non).
Le véganisme fait son chemin, petit à petit. Un peu partout en France, on peut désormais trouver des restaurants vegan, des vêtements vegan et… du tatouage vegan. Certains vegans ne se sont apparemment jamais posé la question. Comme a pu le constater Émily, tatoueuse inscrite au groupe Facebook Les végés tatoués. « Je connais des gens vegans qui n’ont jamais pensé à demander et qui ont été tatoués par des tatoueurs qui n’utilisent pas de produits vegans ». Les encres non cruelty-free sont testées sur les animaux et contiennent des produits d’origine animale. La couleur rouge est, par exemple, faite à partir de cochenilles, un insecte aussi utilisé dans les sodas ou le tarama. La noire contient souvent du charbon obtenu avec des os d’animaux.
Être en accord avec soi-même
Il faut penser aussi à tout le matériel qu’il y a autour, le papier carbone, les rasoirs, la vaseline, les crèmes cicatrisantes. Si les encres vegans se démocratisent, de nombreux tatoueurs en utilisent sans savoir qu’elles ont cette particularité. Il faut parfois contourner le problème pour d’autres outils : « À la place des rasoirs nous pouvons utiliser une tondeuse à rasage unique. Nous essayons au maximum de faire du 100 % vegan, après il y a des gens que nous n’avons pas besoin de raser, nous leur demandons de se faire épiler avant par exemple. »
Laura, tatoueuse et vegan depuis plusieurs années, a décidé d’ouvrir une école de tatouages vegan en novembre 2017 à Argelès : « Nous utilisons des produits naturels, non testés sur les animaux. Habituellement, l’entrainement se fait sur des peaux de cochons. Pour les exercices pratiques, j’achète des peaux synthétiques pour les premiers entrainements. Et des modèles viennent ensuite avec leur propre dessin, les élèves pratiquent sur eux ». Ses élèves viennent principalement pour se former et non pour sa philosophie, les écoles de tatouages se font rares. Loin d’être sectaire, Laura estime sa clientèle vegan entre 5 % et 7%. Pour la jeune femme, il s’agit plus d’être en accord avec ses propres valeurs que de sectarisme, et tant mieux si elle peut sensibiliser les gens à sa cause.
Pourquoi ne pas le faire ?
Il apparaît d’ailleurs que des tatoueurs, tatoueuses certifiés vegans n’appliquent pas totalement cette philosophie à leur mode de vie. Émily : « Ça peut paraitre paradoxal, je fais du tatouage vegan mais je ne le suis pas. Je n’ai pas envie de mentir à mes clients. Je peux aussi être contre le fait qu’on torture des animaux pour tester des produits : je ne veux pas utiliser ce genre de choses chez moi ou pour mon travail. Comme c’est possible, il n’y a aucune raison pour que je ne les utilise pas. Ce n’est pas une question marketing, c’est pour ma conscience personnelle. Et parce que j’ai envie de travailler comme ça et pas sur la souffrance d’un animal ».
Katie McPayne, jeune tatoueuse féministe, est elle aussi dans cet état d’esprit. « Ça ne me coûte pas plus cher, alors pourquoi ne pas le faire ? ». Le nécessaire pour un tatouage sans cruauté n’a aucune répercussion sur les prix et la qualité du tatouage. La marque Eternal n’utilise aucun produit issu de la pétrochimie et propose de plus en plus de produits. Finalement, le tatouage vegan serait plus une question de bon sens que de réel militantisme.