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L’empathie, ça s’apprend. Oui mais comment ?

Charlotte Tortat
Le 25 janvier 2024

Dans nos sociétés ultra-connectées, comprendre les sentiments des autres n’est pas toujours chose aisée. L’empathie, cette capacité à se mettre spontanément à la place d’autrui, constitue un moteur pour mener des actions altruistes et construire une société plus généreuse. D’une personne à l’autre, il existe des niveaux d’empathie différents mais on peut apprendre à la développer. On vous en dit plus.

Empathiques dès la toute petite enfance

« Saviez-vous qu’un bébé de 1 an, qui vient juste d’apprendre à marcher, se porte spontanément au secours de quelqu’un qu’il voit en difficulté ? Saviez-vous que, lors d’une catastrophe naturelle, il n’y a pratiquement pas de pillages et de violences, mais beaucoup d’altruisme et de solidarité ? Saviez-vous que notre cerveau contient des zones de satisfaction qui s’activent lorsque nous sommes généreux et des zones de dégoût qui s’activent lorsque nous sommes confrontés à une injustice ? ».

Ces questions, abordées par le docteur en psychologue Jacques Lecomte dans son ouvrage La bonté humaine, ont de quoi bousculer nos idées reçues sur la nature humaine, qui serait naturellement empathique. Cependant les circonstances de vie, l’éducation et les épreuves auxquelles chacun·e est confronté·e peuvent nous amener à développer ou à étioler notre capacité d’empathie.

Cours d’empathie, médiation, psychologie positive ou communication non-violente, il existe plusieurs façons de « muscler » notre empathie, à tous les âges :

Développer l’empathie à l’école

Au Danemark, l’apprentissage de l’empathie fait partie du programme pédagogique, au même titre que les mathématiques ou l’histoire. Les enfants de 6 à 16 ans consacrent une heure par semaine à ces cours d’empathie. La clé de cet enseignement : faire échanger les élèves entre eux, créer du dialogue, instaurer un climat propice à l’expression des émotions et à la recherche de solutions, en collectif.

En France, une expérimentation de « cours d’empathie » est menée dans plusieurs écoles à partir de janvier 2024. Il existe déjà des initiatives efficaces, mises en œuvre dans plusieurs dizaines établissements depuis les années 2000. Ainsi la « médiation entre élèves » mise au point par Brigitte Liatard et Babeth Diaz, permet de former les jeunes (au collège ou au lycée), sur la base du volontariat, à la gestion non violente des conflits. Celles et ceux qui y participent découvrent des règles d’écoute et de communication très simples mais remarquablement efficaces. Cette technique permet à chacun·e d’exprimer et de satisfaire ses besoins sans passer par la violence.

Apprendre la communication non-violente

La communication non violente a été créée par Marshall Rosenberg, dans les années 1970 aux Etats-Unis. Cette méthode nous invite à sortir du système binaire qui consiste à dire « j’ai raison, tu as tort », à sortir des systèmes de comparaison et des systèmes d’opposition.

Étape par étape, elle nous aide à nous connecter à nos sentiments pour mieux identifier nos besoins et les transmettre à autrui de manière juste et équilibrée. Réciproquement, elle permet de mieux appréhender les sentiments et les besoins de la personne avec laquelle nous échangeons. Basée sur l’écoute de soi et de l’autre, cette forme de communication pose les bases d’échanges respectueux entre les personnes.

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Selon Nathalie Achard, ancienne directrice de la communication d’associations citoyennes (telles que Greenpeace, SOS Méditerranée, Mouvement Colibris) et auteure de La communication non violente à l’usage de celles et ceux qui veulent changer le monde, il s’agit de « sortir du reproche et du jugement pour élaborer des solutions positives, fondées sur la coopération, la collaboration et la connexion avant l’action. »

Thomas d’Ansembourg, spécialiste francophone de la Communication non-violente et auteur du best-seller Cessez d’être gentil, soyez vrai !, fait aussi l’éloge de l’empathie comme une faculté naturelle et intuitive. « Les nourrissons et les enfants éprouvent naturellement de l’empathie et de la bienveillance à l’égard de personnes se trouvant en situation de détresse. Ils n’hésitent pas à faire don de leur doudou pour consoler un autre enfant qui pleure par exemple. L’empathie (…) n’est pas quelque chose que l’on doit inculquer aux enfants pour refréner leur violence naturelle. Au contraire, il a été démontré que les comportements agressifs de même que de nombreuses pathologies psychologiques se développaient plus facilement à la suite d’une enfance stressante ou de maltraitances. »

Pour apprendre cette méthode, il existe de nombreuses formations à la communication non-violente, accessibles aux particuliers, en francophonie et dans le monde entier. Le site CNV Formations propose un agenda complet des formations proposées en France.

Développer son intelligence émotionnelle

L’intelligence émotionnelle, théorisée par Daniel Goleman, se réfère à la capacité de comprendre et de gérer ses propres émotions ainsi que celles des autres. Elle implique la conscience de soi, la régulation émotionnelle, la motivation, l’empathie et la capacité à entrer en relation.

Les pratiques et exercices de l’intelligence émotionnelle nous incitent à identifier et reconnaître les émotions qui nous traversent. Par exemple, si nous ressentons de la colère, il s’agit d’identifier rapidement la raison de notre ressenti. Sommes-nous fâché·es avec quelqu’un ? Avons-nous traversé une mauvaise journée ? Le fait de mieux connaître nos états émotionnels nous permet ensuite de mieux appréhender celles des autres personnes et ainsi, de rehausser notre faculté d’empathie.

Deux recommandations d’ouvrages pour aller plus loin :

  • L’intelligence émotionnelle, Daniel Goleman (J’ai lu, 2003)
  • Les émotions, Développer son intelligence émotionnelle, Elisabeth Couzon et Françoise Dorn (ESF éditeur, 2007)