Se forger un corps et un mental d’athlète, avec un souci d’éthique. C’est le défi que s’est lancé Hélène Deparis en 2017. Ancienne ingénieure, la jeune femme sur ce qui a fait d’elle la créatrice de Gayaskin, une marque de sport éco-responsable. Rencontre.
Comment est née la marque Gayaskin ?
Pradeep et moi-même sommes deux ingénieurs en aéronautique, sportifs et soucieux de notre impact environnemental. De mon côté, j’ai toujours été passionnée par la course à pied, le running. Et puis comme beaucoup j’ai été sensibilisée à l’écologie, d’abord par la nourriture, puis par les cosmétiques. Mais lorsque je me suis attaquée aux vêtements j’ai été déçue par l’offre, notamment celle des vêtements de sport.
J’avais envie de produits éthiques qui correspondent à mon activité sportive, tout en étant intéressants d’un point de vue technique et esthétique. Faute d’en trouver à mon goût, j’ai décidé de lancer ma propre marque.
Quel genre de produit proposez-vous ?
Nous avons lancé la marque avec une proposition simple : des vêtements de sport écologiques et éthiques. Notre gamme est pour l’instant composée d’un legging simple (le legging GAYA) et d’un plus technique (SKIN) ainsi que d’une brassière et d’un débardeur.
À terme, nous aimerions proposer une gamme plus complète, avec des produits pour l’hiver (veste, t‑shirt manches longues). Mais pas de chaussures dans un premier temps, c’est trop technique.
Qu’est-ce qui en fait une marque éthique ?
Son origine tout d’abord. Gayaskin est une marque française, dont tous les prototypes ont été fabriqués en France. Toutes les matières premières viennent d’Europe et les modèles de la collection sont quant à eux assemblés au Portugal ce qui en fait une marque locale, conçue dans le respect des normes européennes et des droits de l’homme. La proximité de nos ateliers nous permet de leur rendre visite régulièrement et de voir par nous-mêmes les conditions de travail.
Mais c’est aussi votre matière phare qui en fait un produit respectueux de l’environnement n’est-ce pas ?
Tout à fait. Nos tissus sont fabriqués en polyester, recyclé à partir de bouteilles en plastique. Le fil est produit et tissé dans le nord de l’Italie. On utilise aussi du polyamide recyclé à partir de filets de pêche, de tapis et de chutes de tissu.
Même les teintures sont non-toxiques. Les colorations classiques peuvent déposer des substances nocives sur la peau, ce qui était totalement contraire à la promesse de nos produits. Nous sommes fiers d’être certifiés Oeko-tex*.
Vous êtes donc 100% recyclables ?
Non, c’est la limite de nos produits. S’ils sont issus du recyclage, ils ne sont pas eux-mêmes recyclables. On était obligés de mettre un petit peu d’élasthanne pour que nos vêtements suivent bien les mouvements du corps et quand cette matière est tissée à un autre tissu, ça n’est plus recyclable.
La seule possibilité de recycler serait d’utiliser des produits chimiques nocifs, ce que nous refusons catégoriquement. Nous ne pouvions pas proposer de produits parfaits ! Donc nous préférons proposer des vêtements de bonne qualité, conçus en accord avec nos valeurs qui pourront être utilisés longtemps dans de bonnes conditions.
Néanmoins, nous sommes en train de réfléchir à un système de gestion de la fin de vie de nos vêtements en mettant en place un partenariat avec des recycleries, qui pourraient revendre les vêtements légèrement défectueux à coût réduit.
Est-ce difficile en 2018 de produire de manière éthique ?
Honnêtement oui. J’ai passé beaucoup de temps à me documenter sur les procédés et les certifications et c’est un milieu complexe et parfois opaque. Ne serait-ce que pour trouver un fournisseur certifié, c’est le parcours du combattant.
Il n’y a pas encore de norme qui impose un certain pourcentage de produit recyclé pour être certifié donc on voit un peu de tout. On a préféré jouer la sécurité et la transparence en travaillant avec un fournisseur qui fabrique des produits issus à 100% du recyclage mais ça a demandé beaucoup de patience et de vérifications.
La transparence c’est important pour vous ?
Oui, c’est peut-être même plus important que le côté écologique. Notre moteur, c’est le développement durable. Et qui dit développement durable dit engagement environnemental, économique et sociétale. C’est tout ou rien.
Nos vêtements doivent être fabriqués de façon écologique, avec un faible impact carbone, à un prix abordable, dans des conditions correctes et bien rémunérées. L’union européenne nous offre un cadre privilégié, avec des normes sociales qui correspondent à nos valeurs.
Comment avez-vous fixé les prix ?
On a essayé de s’aligner sur ce que font les grandes marques de sport. Mais c’est difficile car nous fabriquons nos produits en Europe, ce qui coûte plus cher et que ce sont des matières recyclées qui coûtent en moyenne 30% de plus que des matières « classiques ». Il faut comprendre qu’un t‑shirt à 5 € n’est pas un t‑shirt produit correctement et que si on veut un produit de qualité, respectueux de l’environnement et de l’être humain, cela a forcément un coût supplémentaire. Mais on comprend que les gens ne puissent pas débourser 200 € pour un haut de sport donc on a voulu être le plus transparent possible pour justifier le prix de nos produits.
La norme Oeko-tex, c’est quoi ?
C’est l’assurance d’un produit textile certifié sans substance toxique dangereuse pour la santé. Pas de colorants allergènes, ni de colorants azoïques ou dérivés et une valeur PH compatibles avec toutes les peaux, mêmes sensibles.
Le label Oeko-Tex ne garantit pas que le textile soit bio pour cela, nous vous conseillons de vous tourner vers le label GOTS (Global Organic Textile Standard) pour les fibres naturelles ou vers les certificats de recyclage pour les fibres recyclées.