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J’ai chanté dans une chorale : je vous raconte pourquoi vous devriez essayer

Charlotte Tortat
Le 29 février 2024

Il y a une dizaine d’années, au hasard d’une conversation, un ami m’a parlé d’une chorale dont il faisait partie. Et, alors que je n’avais jamais osé pratiquer le chant ailleurs que « sous la douche », l’idée d’intégrer un groupe de chant m’a tout de suite attirée. J’ai testé et adoré, et je vous raconte pourquoi.

Le moment le plus relaxant de la semaine

Cet ami faisait partie d’une chorale d’environ 60 personnes, située dans un quartier animé d’une grande ville. Fallait-il savoir particulièrement bien chanter pour oser sauter le pas et se présenter ? « Pas nécessairement » m’avait-il précisé : « Si tu chantes à peu près juste, viens, et tu verras si c’est pour toi ! De toute façon, c’est en pratiquant que la justesse et la voix s’acquièrent ». Pour un premier essai, il fallait surtout avoir l’envie de chanter et de découvrir cette pratique collective.

Lorsqu’il m’en avait parlé, le visage de mon ami s’était animé. Il vivait chaque séance du chœur comme un intense plaisir et comme l’un des moments les plus relaxants de chaque semaine, dans son intense vie citadine. Ces 2 heures passées à chanter avec le chœur représentaient une bulle de sérénité, un moyen de trouver l’apaisement.

Enthousiasmée, je décidai de tester une séance découverte. Je n’avais jamais fait partie d’une chorale. Hormis au collège, mais j’étais trop jeune pour apprécier tous les bienfaits et les plaisirs que procure le chant. Le chœur dont faisait partie cet ami était mixte, mêlant les voix féminines et masculines. Les choristes travaillaient des pièces de musique sacrée comme le Requiem de Mozart mais aussi des chants traditionnels venus d’autres pays – Roumanie, Lituanie, Italie, Royaume-Uni… Cette porte ouverte sur les autres cultures, à travers le chant, acheva de me convaincre de rejoindre ce chœur.

Pousser la porte pour ma première répétition…

J’ai franchi la porte de la salle voûtée où se déroulaient les répétitions hebdomadaires. Le chef de chœur m’a demandé d’entonner quelques phrases d’une comptine simple pour connaître ma tessiture – cela désigne l’étendue des sons qui peuvent être émis normalement par une voix, du plus grave au plus aigu. Verdict : j’étais soprano (voix de femme aiguë) et cela sonnait plutôt juste. Impatiente, j’ai rejoint le « pupitre » des sopranos. Dans un chœur, chaque pupitre regroupe les choristes par tessiture : les sopranos, voix féminines aiguës, les altos, voix féminines graves, les ténors, voix masculines aiguës, et les basses, voix masculines graves. Puis la séance a débuté, j’ai tout de suite adoré et j’y suis revenue semaine après semaine, mois après mois, année après année…

Voici comment se déroule une séance de chorale et pourquoi cela peut vous séduire.

Chauffer le corps et la voix, une étape indispensable et stimulante

Avant de chanter, nous nous échauffons. Cette préparation corporelle et vocale est indispensable, car le chant met en jeu le corps, le souffle et la voix. En imitant les gestes du chef de chœur, nous commençons par des étirements. Nous assouplissons notre nuque, nous dénouons nos épaules, nous ouvrons le thorax. Ensuite, nous réveillons les différentes parties du visage et le haut du corps par des tapotements ou de légers massages (sur le front, les tempes, les joues, les ailes du nez, les lèvres, le menton, le cou, la nuque, les épaules).

Pendant cet échauffement, le chef de chœur nous fait aussi réaliser des exercices de souffle : le chant et la respiration sont intimement liés. C’est le souffle qui alimente la voix, en portant et liant les sons entre eux. En l’exerçant, nous gagnons une respiration plus apaisée, plus ample et cela provoque des effets profondément relaxants.

Ensuite progressivement, il nous fait faire des jeux vocaux et des vocalises. Nous réveillons notre voix. Nous chauffons notre instrument. Cette préparation physique, dans les 30 premières minutes, met en condition le corps et la voix, pour que l’un et l’autre soient les plus décontractés et déliés possibles pendant toute la séance.

« Chanter, c’est quelque chose de physique, presque un sport ! […] Tout le corps est mobilisé. Nos cordes vocales sont les cordes d’un instrument de musique dont la caisse de résonance est le corps » explique Abyale Nan Nguema, chanteuse jazz et coach vocale, dans son ouvrage L’art délicieux d’apprivoiser sa voix (Editions Leduc, 2016).

Chanter en chœur nous fait vibrer, ensemble

Les vocalises, étirements et exercices de souffle en début de séance nous apportent un autre bienfait : la connexion aux autres. Pendant ce temps de chauffe corporel et vocal, chacun et chacune trouve sa place dans le groupe, en se mettant à l’écoute des autres voix et de sa propre voix. Chaque personne se synchronise avec son groupe vocal. Chaque début de séance permet de se plonger dans le bain sonore du chœur.

Une fois l’échauffement terminé, à chaque séance, nous travaillons quelques airs courts puis une œuvre un peu plus longue, abordée pas à pas. Chaque pupitre apprend sa partie : le chef de chœur nous fait répéter les phrases musicales, une par une. Une pianiste nous accompagne : cela nous aide à chanter dans la bonne tonalité. Des partitions nous sont fournies : les personnes qui savent déchiffrer le solfège peuvent s’y référer mais pour les autres, l’apprentissage se fait à l’oreille.

“C’est ce moment-là que je préfère : lorsque nous mêlons toutes nos voix, je sens mon corps vibrer tel l’instrument d’un orchestre.”

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Lorsque chaque pupitre maîtrise sa partie, nous réunissons nos voix – alto, soprano, basse, ténor – pour chanter en chœur, guidé·es par les mouvements et les mimiques de notre chef. C’est ce moment-là que je préfère : lorsque nous mêlons toutes nos voix, je sens mon corps vibrer tel l’instrument d’un orchestre. Plus encore, je ressens les vibrations de toutes nos voix réunies, je perçois les mélodies des différents pupitres et j’entends l’harmonie qui émane de l’ensemble.

Vivre des émotions intenses en chœur

Chanter dans une chorale, c’est aussi vivre pleinement nos émotions. La joie de faire corps avec les autres et de créer quelque chose de beau, en chœur, s’avère une expérience aussi bénéfique qu’enthousiasmante.

Il y a quelque chose de transcendant dans l’expérience du chœur. Nous sortons de nous-mêmes pour faire corps et devenir un instrument au service d’un orchestre humain vibrant, émotionnel et émouvant. C’est aussi cela qui me touche lorsque je chante en chœur : cela implique un certain don de soi.

Du plaisir et une détente profonde

Lorsque nous chantons en chœur, nous ressentons du plaisir et une sensation de détente s’installe. Nous nous aérons l’esprit. L’imagination s’envole. Nous sourions, galvanisé·es par l’énergie collective.

Lorsque je chante en chœur, il m’arrive même de ressentir un état de flow – cet état psychologique de plénitude que nous atteignons lorsque nous sommes totalement immergé·es dans une activité, au point d’en perdre la notion du temps et d’en ressentir un profond sentiment de satisfaction. Chanter en chœur peut procurer ce genre de plaisir intense, totalement dans l’instant présent.

En même temps, nous relaxons notre corps. Sentir sa voix qui s’harmonise avec celles des autres a quelque chose de profondément relaxant. Cela s’explique scientifiquement : chanter libère dans le corps des endorphines, autrement appelées les « hormones du bonheur »

Chanter stimule notre intelligence

Selon la chanteuse de jazz Abyale Nan Nguema, le chant nous amène à « développer une grande capacité de concentration : il faut mémoriser textes et mélodies, intégrer physiquement le rythme, écouter et ressentir notre corps d’une façon différente. ».

Dans une chorale, il faut aussi exercer sa concentration pour suivre les instructions (gestes, mimiques, voix) du chef ou de la cheffe de chœur.

Chanter ensemble, ça crée des liens

Faire vibrer sa voix en harmonie avec d’autres personnes, puis vivre l’expérience des concerts et de la scène, cela crée des liens forts. Les relations entre choristes sont souvent chaleureuses et conviviales.

Dans la chorale dont j’ai fait partie durant de nombreuses années, nous avions pris l’habitude de prolonger les séances autour d’un verre dans le quartier. Toutes les générations s’y retrouvaient. Nous passions des moments assez joyeux à parler de tout et de rien, juste content.es d’être ensemble.

Quelques années plus tard, un déménagement dans une autre ville m’a éloignée de la chorale, mais je garde un profond attachement pour le chant choral. J’ai même conservé l’habitude de chauffer ma voix et de chanter, aussi souvent que possible.

Comment vous mettre au chant choral, vous aussi ? 5 idées :

  1. Identifiez les chorales les plus proches de chez vous.
  2. Choisissez l’ensemble vocal qui vous correspond le plus, selon son style : chœur classique, pop, jazz, gospel, chants traditionnels et folkloriques. La palette est large.
  3. Renseignez-vous pour définir les chorales adéquates selon que vous soyez débutant·es ou confirmé·es. Certaines chorales sont ouvertes aux débutant·es, d’autres sont semi-professionnelles ou professionnelles).
  4. Osez pousser la porte, rencontrer le chef·fe de chœur. Et passez l’audition (s’il y a, ce n’est pas toujours le cas).
  5. Profitez, amusez-vous, entrez dans la vibration du chœur. Il est impossible de ne pas progresser si vous donnez de la voix et apprenez à écouter l’ensemble.